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Le Blog de Frank
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4 août 2007

SAMARKANDE, OUZBEKISTAN

Bonjour à Tous !

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Le titre à lui seul justifie mon email. Je suis à Samarkande, mythique, et qui ne perd rien de sa magie sur place. La ville phare d'Asie centrale depuis des siècles est la parfaite dernière étape du voyage, avant d'entamer le retour.

Certes, il est dur de s'imaginer ce à quoi elle ressemblait à son apogée, mais les monuments toujours debout sont à la hauteur de la réputation ! Je vous épargne le bal des superlatifs, de l'harmonie des volumes du Registan à la taille démesurée de la Mosquée Bibi Khanym, en passant par les mausolées mystiques, bazars vibrants, etc... Tapez "Samarkand" sur Google pour voir des photos.

IMG_2561Je suis resté des heures, littéralement (et vous en ferez de même, rassurez-vous, à mon retour), à admirer le Registan, pourtant simple place fermée de trois medersas de briques ocre, céramiques vertes et bleues, et couvertes de dômes turquoises et de minarets :
- au coucher du soleil au son de la musique traditionnelle d'un groupe en train de répéter sur la place (magique)
- au leIMG_2613ver du soleil, en équilibre instable en haut d'un minaret (moyennant 2 dollars au gendarme, je prendrais goût à les corrompre)
- même sac sur le dos, en pleine chaleur, en cherchant un hôtel en arrivant
- même face au pitoyable sons (texte verbeux en alexandrins français) et lumières (j'ai compté : 6 projecteurs en tout et pour tout)
IMG_2562- même en venant dans mon café Internet pour vous écrire, et retrouver les habituels jeunes qui jouent à WarCraft, tchattent sur les sites de rencontres russes, et écoutent à fond de la musique RnB américaine qu'ils me demandent, hélas, de traduire : croyez-le ou pas, mais mes connaissances en argot du Bronx, presque autant que ma pudeur (oui, oui) me limitent dans l'exercice.

IMG_2517Je vous avais laissés dans mon dernier mail à Khiva, où j'ai passé deux jours, avant de traverser le désert pour rejoindre Boukhara, l'une des villes les plus saintes de la région. J'ai profité de mes quatre jours complets pour me reposer, boire du thé pendant des heures au bord du vieux réservoir aàl'ombre des mûriers multi-centenaires, IMG_2540déambuler dans les vieilles ruelles, visiter les principaux monuments (je vous le donne en mille : medersas, mosquées, bazars, forteresse), me faire masser dans un hammam du 17e siècle aux coupôles de briques, lire, et prendre du temps.

J'ai bien sûr rencontre quelques touristes (les tours operateurs semblent maintenant avoir ajouté l'Ouzbékistan à leur catalogue, preuve qu'il n'y a pas d'insécurité particulière à craindre), quelques locaux qui veulent pratiquer leur anglais ou dont les yeux pétillent quand je leur dis que j'habite à Paris (à méditer...).

Mais le Bahodir B&B à Samarkande reste le plus parfait observatoire de quelques spécimen de voyageurs, de quoi faire relativiser tous ceux qui croyaient que je prenais des risques inconsidérés en voyageant dans ces régions :
- à tout seigneur tout honneur ! Une française voyage à velo depuis un an et demi, et revient juste d'Afghanistan (les récits sont terrifiants, mais c'est l'effet qu'elle cherche). Elle s'est quand meme dépéchée le deuxieme jour de se faire faire un tchador. L'Afghanistan, c'est pour la region l'île interdite du roman "La Plage", le lieu inaccessible où beaucoup rêvent de dire qu'ils ont pu aller, et dont tout le monde parle dans le microcosme du voyageur. Je ne vous retrace pas ses traversées de cols au Laddakh (le velo sur les chevaux, eux-mêmes finalement bloqués par la neige...), vous avez déjà assez de mes récits...
- deux français arrivent de France en pédalant ; l'un aimerait aller au Tibet, mais redoute les cols à 5000m sur des pistes en mauvais état et sans village pour s'arrêter ni se ravitailler, et l'autre a trouvé que c'était un bon moyen pour aller faire un stage de 2 mois de spéléologie en Chine (!)
- un couple de Suisses arrive en voiture - comme il est très difficile de la faire entrer en Chine, son frère à elle vient récupérer la Renault 21 Break à Bishkek, et retourne en Europe par la route
- ces deux françaises arrivent  moto d'Europe ("c'est tellement cool de pouvoir profiter des parfums d'un pays")
- un couple de français a pris un an et demi pour voyager, un anglais un an, ce Suisse a décidé de ralier le Mont Kailash au Tibet, etc. etc. J'en oublie sans doute, et je n'ai pas parlé à tout le monde à la grande table commune du petit-déjeuner. Tout cela me donne plein d'idées ! Non, j'déconne...

Ce qui frappe, c'est que beaucoup ne parlent que de leurs aventures, s'engagent dans une compétition à celui qui aura dormi dans le lit le plus pouilleux, aura été pris pour cible au plus gros calibre, a le budget le plus serré. Peu d'échanges avec ceux-là, mais une avalanche d'anecdotes qu'ils semblent n'avoir personne avec qui partager. Facile de les reconnaître en arrivant : ils ont adopté le look "local", version sale et poussiereux, refusent de se raser, sont affalés toute la journée sur les sofas et sortent finalement assez peu de l'hôtel.

Avec les autres, les discussions sont l'occasion d'échanger sur les pays, les motivations, les réflections, et aussi de se donner des tuyaux, des infos - je me suis fait des amis pour toujours en indiquant les distributeurs de billets de Kashgar qui délivrent 200 euros (les autres sont limités  100 euros) ou ceux qui simplement fonctionnent à Islamabad...

IMG_2508Bon, passons à la séquence transports, tant attendue... Quelques chauffeurs de taxi verreux de plus, mais j'en ai fait payer un pour tous les maux des autres : il osait demander 100 dollars à deux jeunes françaises fraîchement débarquées, là o elles n'en avaient que 25 à débourser. Il m'en a sermoné pendant la demi-heure de trajet à ses côtés, ce qui (1) me prouvait à quel point il était escroc puisqu'il me disait que c'était le coup du siècle, et qu'elles avaient l'air vraiment naives, et (2) augmentait ma satisfaction à la mesure de son énervement.

Uzbekistan Airways m'a aussi donné l'occasion de revivre la chaleureuse atmosphère du soviètisme de la grande époque. Deux fausses rousses russes m'attendent du haut de leur guichet en levant les sourcils pour signifier leur inconvenance de me voir. Le bureau est vide, immense, trop eclairé par des néons qui ne mettent en valeur que leur cheveulure du même rouge douteux, qu'une des deux a osé créper de 20 cm au-dessus de sa grosse tête aux traits épais et sans grâce.

Il ne manquait plus que la chaussure sur le bureau pour refaire Khroutchev...
Moi : Hello
Elle : Computer, NIET
Moi : Ah... Do you speak English?
Elle : NIET [et elle me tourne ne dos]

Comme j'avais du temps, je me suis assis sur les canapés marrons, face a elles, et ai attendu sans montrer signe d'impatience. Au bout d'une heure et demi, elles ont demandé à un type de venir voir ce que je voulais... Bon, le resultat est le même (NIET), même après une seconde visite le lendemain, mais je me suis bien maré ! Résultat, je vais à l'aéroport lundi pour essayer de prendre le vol Tashkent Lahore. Apparemment, les ordinateurs n'ont jamais de places disponibles mais les avions si... Nous verrons bien, sinon je prendrai mon vol mercredi comme prévu...

IMG_2754Voilà qui m'amène à la fin de mon mail qui ne devait guère être qu'un titre. De Lahore, je rentrerai samedi matin à Islamabad (la sécurité est suffisante, en prenant les précautions élémentaires d'usage - et Phil veillera sur moi !), d'où je rentre à Paris le soir même, pour arriver dimanche prochain.

J'espère que tout va bien de votre côté...

Bises à tous,

Frank

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