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Le Blog de Frank
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26 juillet 2007

KHIVA, OUZBEKISTAN

Bonjour à Tous !IMG_2321

Pas mal de chemin parcouru depuis mon dernier mail de Bishkek. Me voici à Khiva, une ville-musée à l'ouest de l'Ouzbékistan, près de la frontière Turkmène, riche en Médersas (écoles coraniques) anciennes couvertes de céramiques bleues et vertes, ceinte de remparts en briques d'argile. Khiva est l'une des villes des Contes des 1001 Nuits.

IMG_2142J'ai quitté Bishkek après quelques jours de repos, de repas occidentaux, de terrasses de cafés et de lectures. Je suis même sorti en boite !

Quel trajet que les onze heures de route entre Bishkek et Osh !

Le paysage, d'abord. Belles montagnes après la plaine qui mène jusqu'au Kazakhstan et les steppes du nord. Col qui monte raide, et plateaux vallonnés verts au-dessus, avec yourtes, chevaux, ruisseaux. Nouveau col pour en sortir, et descente dans des gorges jusqu'au déjeuner. Poursuite pour contourner le lac de Toktogul, puis remontée sur un nouveau col, et descente d'une belle gorge inondée d'un lac aux eaux vertes. Arrivée enfin dans la Fergana Valley, en devinant les sommets enneigés des Pamirs au sud, qui se confondent avec les nuages d'altitude. Il fait chaud, la route fait des tours et des détours, sans doute à causes des nombreuses enclaves ouzbèques à éviter (héritage de Staline...).

Pas mal d'émotions sur ce trajet :
- entassés à 8 dans une Mercedes, plus les sacs, pneus, pots de peinture, etc. On ajoute au fur et à mesure les victuailles achetées au bord de la route : Kymyz (le fameux lait de jument fermenté, incontournable), miel, viande, fromage blanc de brebis qui coule et parfume l'habitacle, riz brun, etc.
- le vieux derrière persiste à me parler en russe. Il répète 15 fois les mêmes phrases, que je ne comprends pas mieux, même s'il ralentit, parle plus fort, articule, montre son impatience. Tu es gentil grand-père : les sons, je les entends bien ; ils montent bien jusqu'à mon cerveau, reçus 5/5, mais je ne comprends pas le russe ! Alors il répète à nouveau.
- tout le monde rigole bien quand j'attribue le surnom de Schumacher au chauffeur. Ce n'était pourtant pas un compliment.
- dépassements vraiment n'importe où. Parfois en triple file quand une 4e voiture arrive en face. Le tout sur 2 voies
- quelques épaves au bord de la route, en piteux état
- face a face avec une Mercedes. J'entends des crissements de pneus (à 110 km/h), et je ne sais toujours pas comment on est passé.
- dépassement dans les tunnels. Pas éclairés, on n'y voit rien sauf la fumée d'un camion qui nous précède. Il ne manque plus qu'une horde de paparazzis pour donner un air de déjà-vu. Je redoute le 13e pilier...
- le chauffeur connaît la route les yeux fermés. Pas une raison pour essayer. J'ai remarqué depuis une minute ou deux que la vitesse avait diminué de moitié, et qu'il se tapait dessus pour se tenir éveillé. C'est
l'approche du parapet qui l'a réveillé. On est reparti illico à 110 km/h
- la vénérable Mercedes a plus de 400 000 km au compteur, et plus beaucoup de gomme sur les pneus, lisses.
- la radio marche quand le capot est levé, ce qui nous arrive quelques fois. Ou quand le chauffeur, entre deux cigarettes, tient le CD par la fenêtre pour le faire refroidir. Pop russe ou turque, pas de Modern Talking cette fois.
- ah oui, les piétons marchent dans les tunnels, pas éclairés et étroits... Ça ajoute un peu de piment.
- notre chauffeur nous arrête devant chez lui, à 20 km de la destination, et fait du stop pour nous. Une nouvelle Mercedes nous prend. Je pense que son propriétaire a voulu nous impressionner, en montant à plus de 160 km/h sur la petite route, en doublant les charrettes tirées par des ânes.

IMG_2144Enfin, suis arrivé à Osh. Ai pu profiter du bazar, pas encore 'modernisé' et qui à mon goût vaut mieux que celui de Kashgar (sauf pour les bestiaux bien sûr) : foule d'autochtones, poussière, multitude de produits, etc. De là, j'ai passé la frontière ouzbèque dans un chaos attendu, et sans avoir trop de problèmes avec les douanes, du fait sans doute que je passais en même temps qu'un couple d'Allemands (les personnes seules sont supposées se faire plus ennuyer), et ai poussé jusqu'à Fergana (via un second chauffeur de taxi qui s'est endormi au volant - les vénérables mamas ouzbèques à l'arrière l'ont tenu éveillé à force de discussions forcées et de bonbons).

IMG_2170Fergana est très russe - larges rues vertes, maisons basses. Petit marché à Margilan, à côté, avant de prendre la route de Tashkent, le lendemain. Là, je décide de tenter ma chance à l'aéroport directement (l'agence d'Uzbekistan Airways à Fergana ne pouvait pas imprimer de billets !!?), pour éviter de passer une nuit à Tashkent, qui apparemment ne présente pas d'intérêt particulier. Un vol part en fin d'après-midi pour Nukus, complètement à l'ouest du pays : parfait ! J'aurais ainsi droit à mon vol en Tupolev, la tête à 1m des réacteurs branlants regroupés à l'arrière de la carlingue, au-dessus du désert.

IMG_2193IMG_2204IMG_2222Nukus est la base pour aller voir l'ancienne ville de pêcheurs de Moynaq. La Mer d'Aral s'est retirée à plus de 100 km, laissant les bateaux rouillés posés sur le sable du désert. Un désastre écologique aux conséquences incalculablesIMG_2189 (y compris le rattachement à la terre ferme d'une île utilisée par les soviétiques comme lieu d'expérimentation d'armes biologiques et bactériologique, dont les animaux infectés courent depuis dans la région). Je passe la trentaine de moustiques qui m'attendent dans ma chambre d'hôtel, et Mona Lisa qui a donné son nom au resto local...

IMG_2484De Nukus, je suis venu directement à Khiva, non sans avoir piqué la première vraie rage du voyage : encore un chauffeur de taxi malhonnête. Il a pris pour son incompétence, sa mesquinerie, et pour tous les autres avant lui.IMG_2431 Je l'ai menacé, devant témoin, d'aller voir la Milice (euh, là, ça l'a calmé - elle n'a pas très bonne réputation par ici...).

IMG_2356Enfin, un bon plov et une douche plus tard, j'appréciais le superbe coucher de soleil sur les monuments de Khiva, qui couvriront au moins 15 minutes du diaporama fatal de la rentrée...

Je suis passé rapidement sur les belles rencontres de voyage :
- Viktor, le manager des 2 boîtes de nuit à Bishkek, étroitement surveillé par son garde du corps, un molosse au gros calibre sous le bras, plus une petite arme à la ceinture, dans le dos. Un vrai film ! Et son regard triste face à son destin (ou peut-être après ses nombreux toasts à la Vodka)IMG_2229
- Jan, étudiant tchèque qui subit les 11 heures de Mercedes entre Bishkek et Osh alors qu'il vient juste d'atterrir après des heures de vol et de décalage horaire
- le couple d'Allemands à la frontière, quitté rapidement, mais très sympa
- le cycliste italien de Fergana, qui va s'attaquer tout seul aux Pamirs
- Andrew et Shirley, canadiens, photographe à Shangai et étudiante en médecine à Vancouver, avec qui j'ai passé une super journée à MoynaqIMG_2177
- et tous les compagnons de route, avec qui j'ai toujours plus ou moins les mêmes délicieuses conversations sur mon âge, ma famille, mon métier, mon salaire, mon itinéraire, etc...

J'arrive au bout de mon court (?) récit. Bien sûr plein d'autres anecdotes, aventures, rencontres. Et toujours plus à venir : je pars à Boukhara demain matin, où je compte me poser quelques jours pour profiter de la vieille ville, apparemment toujours vibrante. Puis Samarkande. Si j'ai assez de minarets et Médersas aux céramiques bleues et vertes, j'avancerai peut-être mon vol de Tashkent à Lahore de quelques jours, pour profiter de cette dernière un peu plus, et de l'hospitalité inégalée des Pakistanais.

J'espère que tout va bien de votre côté...

Bises à tous,

Frank

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